L’histoire textile de Côme remonte à plus de mille ans, écrite en fils de soie et tissée à travers des générations d’ateliers familiaux. Des métiers préhistoriques découverts lors de fouilles archéologiques aux innovations textiles de pointe d’aujourd’hui, ce district du nord de l’Italie s’est transformé d’un centre médiéval de la laine en la capitale incontestée de la production de tissus de luxe.
De la laine médiévale à la soie de la Renaissance
La réputation de Côme pour ses textiles exceptionnels débuta dans les années 1300 avec des tissus en laine qui attirèrent l’attention de la noblesse européenne. Mais tout changea au début des années 1400 lorsque la Route de la Soie apporta une révélation venue de Chine : la soie—légère, élégante et lumineuse—arriva à Côme, l’un des terminaux occidentaux de cette ancienne voie commerciale.
Le microclimat du lac s’avéra parfait pour la culture des mûriers, nourriture essentielle pour les vers à soie. En quelques décennies, des centaines d’ateliers de soie apparurent, employés par des milliers d’artisans et maîtres tisserands qualifiés. Ces entreprises familiales allaient former la base de ce qui devint une industrie mondiale.
Le coût humain de l’excellence
Au XIXe siècle, les ateliers familiaux évoluèrent en installations industrielles modernes. Pourtant, la quête de qualité eut un prix élevé. Les filatures employaient principalement des femmes et de jeunes filles qui travaillaient de longues heures les mains plongées dans de l’eau bouillante—nécessaire pour produire la meilleure qualité de fil, mais causant de graves lésions cutanées. Cette pratique douloureuse se poursuivit jusqu’au milieu du XXe siècle, rappel brutal que l’héritage du luxe d’aujourd’hui s’est construit sur des générations de sacrifice et de dévouement.
L’esprit d’entrepreneur : innover dans la tradition
Ce qui distingue Côme n’est pas seulement son histoire—mais la façon dont les entrepreneurs locaux se réinventent continuellement tout en honorant des siècles d’artisanat. Cette dynamique entre tradition et innovation définit les entreprises les plus prospères du district.
L’héritage Ratti : où les textiles deviennent art
Antonio Ratti fonda sa société de soie en 1945 avec une conviction révolutionnaire : le textile est un produit culturel. Dans son approche visionnaire, l’expérience, la connaissance et l’expérimentation artistique n’étaient pas seulement des outils pour comprendre les tendances contemporaines—mais des éléments fondamentaux pour créer de la qualité.
L’engagement de Ratti allait au-delà de la production. En 1995, sa fondation a contribué à l’établissement du Centre Textile Antonio Ratti au Metropolitan Museum of Art de New York, dédié à la conservation, la restauration et l’étude des textiles. Aujourd’hui, le Groupe Ratti conserve un archive de plus de 400 000 échantillons de tissus, chacun préservé avec son croquis d’origine et son patron en papier—une bibliothèque vivante qui continue d’inspirer les designers contemporains.
Le designer Massimo Giorgetti de MSGM et Emilio Pucci l’ont parfaitement résumé : « Ratti signifie passé et futur, technologie et expérimentation. Ratti, qui possède le plus grand et le meilleur archive textile de la région de Côme, offre non seulement un service d’impression impeccable mais aussi des tissus imprimés et jacquards spéciaux. »
Mantero : quatre générations d’excellence de la soie
Fondée en 1902, Mantero illustre comment les entreprises familiales peuvent prospérer grâce à l’adaptation. Comme l’explique Moritz Mantero, propriétaire de troisième génération, avec le flair italien caractéristique : « Le ver à soie est un snob. Il mange de tout, mais ne produit de la soie que s’il mange du mûrier ! »
Cette attention portée aux détails, combinée à la rapidité et au service, maintient Côme compétitive malgré une production asiatique moins coûteuse. Alors que la Chine peut offrir des prix plus bas, les maisons de mode de luxe comme Versace, Prada et Chanel comptent sur la capacité de Côme à fournir des délais rapides et des séries petites et spécialisées. Comme le note Mantero, ces marques attendent un « service total »—ceci n’est possible que grâce à la proximité géographique et à la compréhension culturelle.
Donatella Ratti, présidente du Groupe Ratti, renforce cette philosophie : « La créativité et la haute qualité—c’est notre façon de survivre. »
Limonta : de 1893 à demain
L’histoire du Groupe Limonta a commencé en 1893 avec des gobelins traditionnels, des matelassés et des tissus jacquards. Mais dans les années 1960, le fondateur Cavalier Giovanni Battista a pris une décision décisive après avoir voyagé en Amérique et en Allemagne : il a introduit en Italie la technologie de revêtement en polymère thermoplastique, révolutionnant le marché avec des tissus enduits.
Aujourd’hui, Sociéte Limonta incarne cet esprit d’innovation dans le textile d’ameublement. Leur philosophie est rafraîchissante et simple : ne jamais se reposer sur ses lauriers. Un tissu exclusif ou une couleur inédite n’est pas un point d’arrivée—c’est juste une étape dans un long parcours de recherche et expérimentation.
Une toile luxueuse en coton-lin de Limonta pour Nosetta
Les créateurs de mode sur la qualité italienne
Les plus grands créateurs du monde choisissent constamment les textiles de Côme pour leur qualité irréprochable et leurs possibilités créatives.
Miuccia Prada, qui a transformé l’entreprise familiale de maroquinerie en un empire de la mode, connaît intimement le tissu. Son utilisation révolutionnaire du nylon industriel dans les sacs à main de luxe a bouleversé l’industrie, mais elle s’est toujours appuyée sur les maîtres artisans de Côme pour la soie. Comme elle l’a observé un jour : « Ce que vous portez est la façon dont vous vous présentez au monde, surtout aujourd’hui où les contacts humains sont si rapides. La mode est un langage instantané. »
Giorgio Armani a bâti son empire sur une couture impeccable et des tissus exquis. Son engagement pour la qualité reflète la philosophie de Côme : le véritable luxe se trouve dans les détails, dans la sensation de la soie, dans la manière dont le tissu tombe et bouge.
Gianni Versace, qui a repoussé les limites avec des imprimés audacieux et des motifs baroques, dépendait de l’expertise en impression de Côme pour donner vie à ses visions vibrantes. Sa sœur Donatella perpétue cet héritage, sachant que la maîtrise technique de Côme rend la liberté créative possible.
Giorgio Armani, client historique des manufactures du lac de Côme
L’Institut technique : investir dans l’avenir
En 1866, les entrepreneurs de Côme ont pris une décision stratégique qui allait assurer l’avenir du district : ils ont fondé un Institut Technique dédié à l’enseignement de la fabrication de la soie. Ce n’était pas juste une éducation—c’était un engagement délibéré à transmettre le savoir à travers les générations, afin que les métiers anciens évoluent avec les technologies modernes.
Cet investissement dans le capital humain explique pourquoi, plus d’un siècle plus tard, Côme emploie encore plus de 20 000 travailleurs dans près de 1 000 entreprises, produisant 80% de la soie européenne et 95% de la soie italienne.
Métier à tisser Jacquard
Les maîtres modernes de l’artisanat
Aujourd’hui, la réputation de Côme repose sur des entreprises qui exercent depuis des générations, chacune apportant une expertise spécialisée :
Ratti gère le cycle complet de production — du traitement du fil au tissage, teinture, photo-incision, impression et finition. Ils produisent plus de 4 millions de mètres de tissu chaque année pour la mode et la décoration intérieure.
Mantero crée 740 000 mètres de tissu en soie et 1,6 million de mètres d’imprimés chaque année, travaillant avec des marques internationales telles que Kenzo, Vivienne Westwood et Christian Lacroix.
Limonta possède l’un des plus grands archives textiles d’Italie avec au moins 15 000 dessins jacquards et plus de 100 000 dessins d’impression. Leur chaîne d’approvisionnement « Made in Limonta » maintient en vie des savoir-faire rares comme l’ourdissage, le nouage et le tissage.
Clerici et Dedar perpétuent les traditions familiales tout en adoptant les technologies de pointe, prouvant que le patrimoine et l’innovation ne sont pas des forces opposées mais des forces complémentaires.
Une tradition vivante
En se promenant dans Côme aujourd’hui, on voit des preuves de cet héritage textile partout. Les anciens bâtiments d’usine ont été transformés — La Tessitura abrite maintenant le Loom Café, tandis que les usines historiques sont devenues des showrooms exposant des siècles d’artisanat.
Mais la vraie histoire ne se trouve pas dans les bâtiments. Elle est dans les entrepreneurs qui se lèvent chaque jour déterminés à maintenir la réputation d’excellence de leur famille. Elle est dans les créateurs qui passent des heures à perfectionner un nouveau motif jacquard. Elle est dans les ouvriers qui comprennent que leurs mains sont des maillons d’une chaîne remontant à plusieurs siècles.
Le lien Nosetta
C’est cette tradition que Nosetta perpétue fièrement. En sélectionnant des tissus de luxe de Côme — produits de façon responsable par des entreprises comme Limonta, Clerici, Dedar, … — et en les offrant directement aux clients, Nosetta continue un engagement séculaire envers la qualité, l’authenticité et le style de vie italien raffiné.
Chaque sac Nosetta porte en lui des fils d’histoire : les tisserands médiévaux qui ont établi la réputation de Côme, les femmes qui ont sacrifié leurs mains dans l’eau bouillante pour un fil parfait, les entrepreneurs qui ont choisi l’innovation au-delà de la tradition, et les maîtres artisans qui aujourd’hui maintiennent des standards que reconnaîtraient leurs arrières-grands-parents.
C’est bien plus qu’un tissu. C’est la Bella Vita — la belle vie — tissée dans chaque fil, préservée à travers les générations et célébrée dans des produits qui honorent à la fois le passé et le futur.
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*Aujourd’hui, Côme produit 80% de la soie européenne et 95% de la soie italienne. Quand vous choisissez Nosetta, vous n’achetez pas seulement un accessoire — vous devenez partie d’une tradition millénaire d’excellence italienne.*